Il faut vraiment être con, pour se servir de la liberté d’expression pour traiter un autre individu de con. J’ai écrit ceci en janvier 2020: https://bdmoi.mdugre.info/la-liberte-dexpression/
Comment civiliser la liberté d’expression? La notion de civisme se développe au niveau des enfants. Il faut les éduquer à penser en terme de nous plutôt qu’en terme de moi. La dérive de la civilisation actuelle vers la Charte des droits individuels a largement concouru à faire que les obligations envers les autres, qui viennent avec le civisme, disparaissent comme une peau de chagrin.
La réelle liberté d’expression, en société, serait de permettre l’expression d’aide et de support à l’autre qui ne dispose pas de notre talent ou notre perspicacité. Rechercher le bien de chacun par l’apport de tous est la voie à privilégier. J’en entend des hordes dire que c’est du prêchi prêcha de bisounours. Peut-être ont-ils raison de le dire, parce que c’est loin, bien loin, de la situation actuelle, ou chacun tire la couverte, toujours plus petite, de son bord.
En étant attentionné à aider son voisin dans sa quête du bonheur, nous faisons que d’autres sont attentionnés à notre quête de notre bonheur. Mais advient le syndrome de la saucisse Hygrade: plus les gens en mangent plus elles sont fraîches, moins les gens en mangent moins elles sont fraîches. Nous sommes dans la phase descendante du civisme qui mène à ce qu’on vit actuellement, le populisme et la démagogie.
La seule façon de partir une remontée de l’esprit de groupe à partir de la situation actuelle est de civiliser les propos des gens. Et cela commence par nos propres propos. Ce sera une tâche ardue. Possible, mais ardue. La vitesse de communication a dépassé la vitesse de réflexion. L’électron est plus vite que le son et le son plus vite que le neurone. Le rythme démentiel des communications infligé à la population est tel que plus personne ne trouve du temps autre que pour gagner ou dépenser de l’argent. La richesse de la diversité réside dans les échanges de pensées entre les individus. N’a-t-on de temps que pour le consacrer à l’argent, le faire fructifier, optimaliser son usage, faire le plus avec le moins…
Les enfants nous voient aller et répliquent les comportements biaisés des adultes. Est-ce pourquoi l’école et l’instruction sont si négligées? Je ne suis pas loin de le penser. La pente sera extrêmement dure à remonter. Nous “scrapons” des générations, l’une après l’autre. Assoyez vous un instant, respirez profondément et faites baisser votre rythme cardiaque et essayez de voir le monde avec des yeux neufs, ceux d’un jeune de 16 ans, qui se rebelle contre ce qu’il voit et ce qu’il entend. L’avenir est sombre, tout n’est que problème insoluble parce que dépend de la communauté qui n’existe plus.
Des millions d’heures sont investies par des bénévoles dans les organismes à but non lucratifs. Ce sont ces organisations qui soutiennent un tissu social de plus en plus ténu. Bien des heures sont passées à revendiquer ci et ça. Celles qui agissent vraiment sont celles consacrées au bien d’individus plus mal en point les uns que les autres. Voilà en gros ce qui soutient le principe de la liberté d’expression. Pas la liberté de consommation mais bien la liberté d’aide et de compréhension. Dans notre folie de consommation nous avons oublié d’inclure ce paramètre dans nos usages. Ainsi sommes nous passé de la satisfaction d’une vie communautaire ordonnée à une société de consommation effrénée.
Pour moi la vie est simple, communiquer et s’entraider en société ou thésauriser en des lacs d’argent pour je ne sais quel usage mais profiter de toujours en amasser aux dépends des autres. L’individualisme à outrance a vaincu le catholicisme à outrance. Peut-on aller chercher la joie de vivre que l’on avait sous la férule de pression sociale de la religion et ajouter la réalisation personnelle de l’individu dans une société saine et productive? Je ne sais pas. Mais je m’y essaie. Plus les gens verront plus ils changeront mais pour le moment ce n’est pas la situation privilégiée.
Bertrand (@BDmoi)