Un temps pour les débats? Passé?

Un temps pour les débats? Passé? Cela se peut-il? Si oui, comment est-ce arrivé?

Le temps des débats est passé. C’est mon affirmation. Même les supposés débats entre les chefs ne sont que des apparences de débats. Ce sont tout au plus des discussions de sourds, avec des feuilles de discours pré-établis et des périodes limitées pour déblatérer toutes nos stratégies de communication. Il n’y a pas de débats en politique maintenant.

Cela se peut et voici comment c’est survenu, doucement, insidieusement. Dans les années 60 les questions de société étaient fortement débattues, dans la population. Il y avait des pétitions (significatives), des altercations épiques à l’assemblée nationale(Lesage, Lévesque, Johnson, Parizeau, Bourrassa…) On ne méprisait pas l’adversaire mais la joute (que je hais au maximum aujourd’hui) se faisait sur les concepts énoncés et non sur le caractère des protagonistes.

On est passé du contenu au contenant. Auparavant, dans les journaux locaux, les élus et les candidats avaient une voix pour discuter des questions qui intéressaient les citoyens. Puis la concentration des médias et la concurrence de ceux-ci s’est polarisée. Pour avoir des soupçons de respectabilité, ceux-ci, ont concentré l’attention sur les chefs de parti. Cela a donné lieu à la venue du clip de 7 secondes. Encart de promotion du parti aux nouvelles du soir. Clip repris par les journaux le lendemain. Il y a des artistes du clip qui ont poussé la pratique dans un espèce d’art oratoire.

Maintenant, par soucis d’efficacité ou de “ratings” on a quelques clips et une série de commèrementateurs qui nous ensevelissent sous leurs analyses (lire opinions) et on n’a pratiquement plus une goutte d’information brute et de place à discuter. On présente la décision (bien souvent l’indécision) du chef, puis c’est le déluge d’opinions de toute la gent médiatique.

On peut espérer des média sociaux mais, ce n,est qu’un espoir. Il s’agit bien d’une plateforme où l’on peut exprimer notre vue ou notre réflexion (juste ou pas) mais ce n’est pas encore le lieu où discuter (surtout paisiblement) entre personnes raisonnables et civiles. L’atmosphère qui règne dans les grands médias est moins pire que celle sur les réseaux sociaux mais, elle suscite des réactions épidermiques chez les gens qui vocifèrent beaucoup mais ne sont pas adeptes de discussion.

Beaucoup cherchent à convaincre les autres de leurs opinions. Ils ne les supportent pas d’arguments allant plutôt à invectiver ceux qui ne la partagent pas. C’est triste. Mais, c’est majoritairement ça.

Il m’arrive, de temps en temps, d’avoir de belles conversation avec des gens, parfaitement inconnus. Mais elles sont rares. Peu sont aptes à discuter et argumenter (apporter des arguments à leur point de vue). Mais pire encore, peu prennent le temps de discuter après avoir vomi leur opinion sur les réseaux sociaux.

On est en 2018 et on est en pleine prospérité économique. L’individualisme est à son comble. Cela ressemble étrangement aux années 1930. La suite sera-telle la même qu’en 38? Nihil novum sub sole (rien de nouveau sous le soleil). qui vivra verra.

Bertrand (@BDmoi)

 

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