Et Maintenant?

Qu’est devenu le mécanisme d’achat et le raisonnement derrière le fait d’acquérir, d’acheter, de voter … Il fut un temps où l’on avait des impulsions qui se transformaient en désirs. Ceux-ci étaient scrupuleusement passés au tamis des ressources et des besoins. On élaguait au crible de la réalité et du bien-être futur. Puis se transformait le tout à la règle à calcul du porte-monnaie. On pouvait attendre pour amasser   le pécule nécessaire à l’achat. Il y avait ensuite un dur processus d’évaluation des résultats dont on tirait les enseignements pour les décisions futures.

Aujourd’hui le processus est de beaucoup plus simple. On a des impulsions, bien souvent on saute l’étape du désir, l’intention d’acquérir est immédiate et on met sur la carte de crédit (presque déjà comble) et un coup qu’on le possède on passe à autre chose. Que l’on soit satisfait ou pas ne semble pas opportun. Ici, je fais référence à ce que je crois un très grand nombre de personnes. Pas la majorité mais beaucoup. Que ce soit un bien ou une option politique, tout est pareil.

Beaucoup d’éléments concourent à ce que je semble observer. Le premier est la faillite de Sears. Parti d’une devise “Satisfaction garantie ou argent remis”, qui a fait d’eux les plus grands détaillants en Amérique il y a 50 ans. Que s’est-il passé? On est parti d’une société qui avait besoin de qualité, pour satisfaire longtemps des besoins essentiels, à un prix justifiant la qualité et la garantie. Sears a failli à cause de sa devise. Il n’a pas pu s’adapter au changement dans la société.

La société est passée du durable au il me le faut tout de suite. Le critère d’achat est le prix. S’il semble bas par rapport aux autres on doit se le procurer immédiatement. La satisfaction se mesure à la quantité que l’on peut acquérir. Qu’est-ce que l’on a que l’autre n’a pas. “Pas cher” est devenu le Amen d’autrefois.

Au point de vue politique, c’est pareil. Autrefois le contenu était très important. Aujourd’hui ce sont les apparences qui comptent. Le prix n’a pas d’importance, il est le même d’un parti à l’autre. Ils suggèrent le même menu mais dans un ordre et un assaisonnement un peu différents. On passe de réflexion à impulsion. La preuve, le pouvoir se décide bien souvent dans l’isoloir, à la dernière minute.

Les uns et les autres, partisans, s’équilibrent à peu près. Ce sont les gens, qui se décident à la dernière minute, qui, bien souvent, décident de l’élu. Pour quelle raison, je n’en sais rien, mais ce peut être pour le candidat, pour le parti, pour le sentiment d’être bien représenté, pour une opinion personnelle partagée…

Le prix de voter est excessivement bas. Alors pourquoi n’est-il pas exercé par plus de monde? Parce qu’il ne correspond à aucun désir.

Tout ça est symptomatique de notre société. On est tellement repu, que les besoins n’existent plus. On fait des acquisitions impulsives, de produits suffisant minimalement à la tâche, pour une durée de plus en plus courte. On a même mesuré la durée de vie d’un gouvernement à 4 ans. Ce qui fait qu’on a 2 ans de gouvernement, 1 an de bonbons, et 1 an de campagne électorale. Cela illustre bien le concept de durée courte d’utilisation.

On a ce qu’on mérite collectivement. Un société repue, obnubilée par le présent et qui oublie demain et où le passé est signe de dépassé. Carpe diem, saisir le jour, ne veut pas dire vivre comme la cigale. Cela veut dire, si l’on prend les enseignements du passé, se servir de nos talents et nos ressources pour travailler aujourd’hui à produire les récoltes de demain.

Aujourd’hui on s’épivarde à produire toujours plus vite, toujours moins durable pour vendre au plus bas prix. On produit des biens et des idées de faible qualité qui plaisent à la majorité.  Pourquoi plusieurs achètent sur internet? En grande partie, d’après moi, parce qu’ils ne trouvent pas la qualité ou le choix qu’ils peuvent trouver chez le marchand. Celui-ci ne proposant que l’achat impulsif au plus bas prix.

Les décharges publiques sont de plus en plus remplies de produits que l’on n’arrive pas à recycler. Même les Chinois n’en veulent pas. Dans les faits, on ne fait qu’entretenir le mal-être de la population. On choisit (sic) le moins pire.

Alors les gens disent je n’avais pas le choix. Effectivement on n’a pas le choix, parce que l’on n’inclut pas aucune de ces éventualités. Je vais endurer mon désir, le temps que ça prendra pour trouver ce qui le comblera longtemps. En terme politique cela veut dire, ajouter l’option “aucun de ces candidats” sur le bulletin de vote et annuler le scrutin si cette option rejoint 20% des votes. C’est extrême? Je pense que non. Si c’était, peut-être l’acceptabilité des politiciens passerait de moins bon qu’un vendeur d’autos usagées à ce qu’elle était dans le passé.

Bertrand (@BDmoi)

 

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