Santé mentale et société. Une maladie sociale?

En cette semaine de la Santé Mentale, supposément, il m’est difficile de faire le point sur l’ensemble de la situation. Il est possible d’en parler en général mais seulement si on ne tombe pas dans les stéréotypes.

Tout d’abord je me présente, c’est une nécessité pour être entendu. Je suis bipolaire diagnostiqué depuis 1990. Ça fait donc 28 ans mais j’ai 63 ans. J’ai toujours été bipolaire. Je le sais maintenant. Mais, ça a pris 7 psychiatres et 3 psychologues, pour savoir ce que j’étais et avoir un diagnostic et finalement trouver un psychiatre avec qui j’ai pu entretenir une bonne relation depuis 1990.  Pourquoi toutes ces années? Parce qu’il n’existe pas de manuel d’instruction de Moi et que la psychiatrie est beaucoup plus un art qu’une science.

Tout n’est qu’essais (médicament reposant sur des principes établis) évaluation des résultats (attente que les effets secondaires soient passés et que les bénéfices soient entrés en fonction) et rétroaction. On applique des statistiques à des individus qui ont chacun leurs problèmes et leurs capacités.

Donc, pour parler en général de santé mentale, il faut tout d’abord s’entendre sur le fait que chaque individu est différent et réagit différemment à chacun des médicaments et que les dosages de ceux-ci varient d’un individu à l’autre.  C’est la seule règle générale qui existe dans le monde de la santé mentale. La deuxième règle générale qui existe (n’ai-je pas dit qu’il n’y avait qu’une règle générale?) c’est que la société, qui est très allergique à l’individualité, a une profonde intolérance à la différence. C’est un fait majeur.

Donc en général, les individus(qui ne veulent pas être traités différemment par la société) sont traités différemment ( en voulant normaliser leurs comportements) par les individus qui se sentent offensés par les comportements différents. Schizophrénie sociale.

L’intolérance à la différence (pression à la conformité) est la cause principale (d’après moi) de toute la problématique. À titre d’exemple je vais prendre mon cas personnel (celui que je connais le mieux) pour expliquer ce que je veux dire. Ma condition de bipolaire fait que mes fluctuations d’humeur jouent énormément sur mon niveau d’énergie. Ce qui perturbe grandement mon sommeil. Personnellement, j’ai un système de défense (qui n’appartient qu’à moi), c’est de dormir mes dépressions. Avec le temps s’est imposé à moi le fait que je pouvais dormir jusqu’à 17 heures par jour pour laisser passer les épisodes dépressifs, qui peuvent durer jusqu’à 3 ans de suite. J’ai des périodes (phases) qui sont longues. Mais Tout le monde me disait force-toi, tu dois t’en sortir, tu dors trop … Mais qui peut juhger de trop? Si je dors, et que les journées passent sans que j’aie l’idée de me suicider ( 15 ans en 28 ans) n’est-ce pas une bonne journée?.

Laissez-moi dormir quand je m’endors et laissez-moi veiller quand je ne m’endors pas. Mes heures de sommeil sont atypiques. C’est mon moyen de défense par excellence. Il m’appartient et je vis très bien avec. Pourquoi? Mon chat ne se sent aucunement offusqué quand je modifie mes habitudes, que mes phases changent. Ce qui m’a fait découvrir que je suis pauvre de la femme qu’il me faut mais tellement riche de l’absence de toutes les autres.

La juxtaposition sociale (conjoint, frères et sœurs, voisins, amis…) est le problème des autres quand moi j’obéis à mon besoin. D’habitude tu …. Oui mais moi, je ne suis pas comme d’habitude. 1 journée ou 2 ça passe mais une semaine, un mois, 6mois… C’est intolérable pour les autres. J’ai un problème de santé mentale (troubles des hormones) celui-ci fluctue d’une phase à l’autre ( souvent d’une journée à l’autre).

La conclusion générale que j’en tire est celle-ci: il faut en venir à étudier le comportement de chacun et découvrir ses forces et faiblesses. C’est un processus très exigeant quand on le fait au travers d’expériences médicamenteuses. C’est un processus long, incertain, rempli d’écueils qui demande une complicité très grande et une confiance absolue de la part des intervenants, médecin et patient. Médecin doit croire son patient quand il lui parle et le patient doit prendre les médicaments qu’il a convenu de prendre tel qu’il a promis de les prendre. Il y a beaucoup de si…

La généralisation se produit au travers du processus. La démarche est la même pour tous. Tout les autres paramètres fluctuent selon les individus impliqués dans le processus, durée, rythme des progrès, forces et faiblesses des individus.

En clair, il faut prendre les individus comme ils sont et les aider à se connaître et à agir selon leur condition. Mais cela demande que l’on soit à l’aise avec la différence. Il faut abandonner les stéréotypes autant pour les autres que pour soi. Donc traiter les autres comme ils sont et non pas comme l’on voudrait qu’ils soient. Mais n’est-ce pas la façon dont on devrait tous se traiter les uns et les autres?

Bertrand (@BDmoi)

 

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