Que signifie la note de passage?

Théoriquement, la note de passage signifie le niveau minimum de connaissances de la matière étudiée que doit posséder l’étudiant à l’examen. Mais, de fait, c’est le minimum de l’ensemble des capacités que doit posséder un étudiant pour passer à l’étape suivante. Pourquoi? Parce qu’il faut savoir lire la question, trouver la réponse, l’inscrire correctement et j’en passe.

C’est un résultat final, pas une évaluation spécifique. Ainsi, si je prends en cause l’enseignement de la comptabilité,que j’ai enseigné, personnellement je ne crois pas que 60% soit suffisant. On ne peut exiger la perfection mais, peut-on exiger un note suffisamment élevée pour savoir que le résultat, en entreprise, ne sera pas trop loin de la vérité.

Il en est de même du reste, je crois. On a dilué le contenu des cours pour tenter d’abaisser le niveau de décrochage. On baisse la note de passage à 58% pour sauver combien de personnes? Personnes qui ne devraient pas passer, souvent même à 65%.

Pensez-y. On emploie quelqu’un sur la foi d’un diplôme qu’il a obtenu. Ce diplôme est supposé déterminer un niveau de compétence minimum, tant en lecture et écriture mais aussi en compréhension et connaissances. La dure réalité c’est qu’il y a 50% et plus d’analphabètes fonctionnels au Québec. La tendance ne semble pas s’améliorer avec un taux de décrochage au-delà de 25%.

On se demande après, dans notre siècle de robotisation et d’intelligence artificielle, et oui on est dans ce siècle, que va-t-il arriver? Aux gens qui ne seront pas assez qualifiés pour des emplois de niveau supérieur? Qu’adviendra-t-il à cette cohorte de gens qui ont peut-être un diplôme de secondaire V mais, qui ne peuvent fonctionner?

Les entreprises commencent déjà à crier le problème de main d’œuvre qualifiée.  Le plus ridicule de la situation? C’est qu’on importe de gens diplômés, dont on ne reconnaît pas les diplômes. Il y a une quantité de gens, potentiellement qualifiés, qui conduisent des taxis ou autres,je n’ai rien contre les chauffeurs de taxi, mais dont les talents sont perdus. Résultat? Beaucoup sont en chômage et ne peuvent participer à cette société qui les a, bien souvent sollicités, fait des promesses non-tenues, et les abandonnent à leur sort.

Notre société est dorénavant tributaire de la façon dont on traite les humains. Si, le diplôme n’avait que peu d’importance et si l’on faisait passer des test d’emplois dans les entreprises pour les emplois désignés, on permettrait aux gens de performer à leur mesure et on récupérerait ceux qui sont récupérables.

Globalement, je suis heureux du scandale à 58%, mais je n’espère pas que ça va améliorer le processus d’embauche des gens. La sur-réglementation des emplois, particulièrement dans la construction, a permis d’éviter des conflits énormes dans cette industrie. Mais elle a entraîné des aberrations tarifaires dans ces chasses gardées. Il n’y a pas de solution simple à un problème très complexe. Mais, comment ne pas justifier une note de passage stricte, quand la protection et l’avantage du diplôme sont si stricte dans leur application et leur reconnaissance?

Personnellement, la note de passage devrait être modulée selon l’importance de la signification dans  la société. En comptabilité j’exigerais 80%, en philosophie et mathématique et en français 70%, histoire et autres matières 60%. Mais, ce n’est pas demain que l’on va y arriver, avec les exigences de performance du ministère. L’ère est aux apparences (taux de décrochage, taux de passage…) et non à la réalité du temps. L’Éducation une priorité? Faites-moi rire. L’étudiant n’a rien à voir dans le système, il n’est qu’un produit, de moins en moins de qualité. On ne forme pas des citoyens, on forme de la main-d’œuvre pour l’emploi rapide  d’entreprises en attente de robotisation.

Je suis dur mais conscient que l’on manque le bateau de la société. L’économie a toute la place, l’humanisme, qui sera de plus en plus nécessaire, est négligé dans notre système dans lequel j’inclus les parents. Une évaluation, la note d’un étudiant, est une mesure de l’efficacité du système. Pour bien paraître, les gens en charge du système, font passer un nombre d’étudiants qui n’auraient pas dû passer. Ceux-ci sont sur la pente douce du décrochage systémique, et on leur nie un avenir à la mesure de leurs talents. Société de plus en plus déconnectée de la réalité.

Bertrand (@BDmoi)

 

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