Lanceur d’alerte ou délation?

Disons au point de départ que le sujet est difficile. En effet la distinction entre un et l’autre dépend du jugement de celui qui en fait la différence. Mais aussi de l’intention de celui qui juge. Donc on est dans le gris le plus total. Gris dans l’intention de celui qui juge, gris dans l’intention de celui qui est jugé et gris dans l’intention de celui qui a commis l’acte en question.

Donc tout est une question de procès d’intention. La distinction entre délateur, qui est jusqu’à un certain point méprisable, et lanceur d’alerte, qui a bonne réputation, est ténue et tellement difficile à définir. Je crois qu’il n’est jamais totalement l’un ou l’autre. Il y a toujours un aspect personnel à la dénonciation. Mais il y a toujours un côté réel aux faits reprochés. Donc c’est d’une grisaille épaisse.

Voilà sans doute pourquoi le sujet est si souvent évité. Il est certain qu’on ne peut éviter le jugement d’intention pour prendre en considération l’objet de la divulgation. Il y a des cas célèbres des 2 côtés, mais la nature humaine étant ce qu’elle est, je penche pour le fait qu’il y a beaucoup plus de délation que de lanceur d’alerte. Voilà pourquoi il faut protéger les lanceurs d’alerte confirmés. Il existe un monde entre dénoncer des atteintes personnelles et des atteintes au droit des bénéficiaires (clientèle).

Il importe de dénoncer les écarts aux politiques énoncées par l’organisation dans l’exécution des tâches. C’est nécessaire. Il y a un immense conflit qui se dessine dans le monde de la santé au Québec. Les prémisses en sont posées. D’un côté le bien des gens en CHSLD et de l’autre l’organisation des soins au personnes. L’organisation (patronale, syndicale, organisationnelle) entre en conflit avec les objectifs énoncés par le politique.

Partir du sujet de la délation pour en arriver au conflit dans le domaine de la santé peut sembler tiré par les cheveux. Mais la bataille sera ardue. J’en ai bien peur. Bien de la boue sera lancée, de part et d’autre. Dans ce monde où l’on ne peut plus discuter raisonnablement, où tout est détourné vicieusement, il faudra toujours avoir à l’esprit le bien de qui est en jeu. Si c’est pour améliorer le sort des bénéficiaires en bout de ligne. Il y aura braquage des idées dans les médias comme dans la population. Mais n’ayez pas de doute l’organisation se battra bec et ongles pour préserver ses droits acquis.

Alors que la situation, que j’ose qualifier de déplorable, doit être changée, il y aura résistance aux changements, tirage de couverte sur le bord de chacun. Il nous faudra, en tant que citoyens, utiliser tout notre bon sens, pour arriver à améliorer, un tant soit peu, le sort des personnes en CHSLD. Bénéficiaires comme employés. On verra si le Québec est mature ou juste idéologique. Passera-t-il de la philosophie à la vie? Le bien des gens courbera-t-il la dureté de l’argent? Je ne suis pas certain que ça va être un combat agréable à regarder.

Bertrand (@BDmoi)

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