L’aide médicale à mourir?

C’est un sujet très sensible. Avez-vous déjà envisagé le suicide? Il semblerait que 4% de la population âgée de 15 à 75 ans y ont pensé. Je suis bipolaire et j’ai été affligé de 15 ans de pensées suicidaire de 1990 à 2015. Cela a pris tout ce temps pour trouver la bonne médication. Mon psychiatre, que j’ai depuis ce temps, m’a suivi et accompagné, sans défaillir, tout ce temps. Il faut dire que j’ai eu 6 psy avant de le trouver. Je ne dis pas que 6 sur 7 psy sont séniles, mais j’en ai eu 2. Ensuite j’ai eu des psys qui me regardaient même pas. ILs me prescrivaient des pilules et j’avais des cauchemars dignes de Stephen King. J’aurais pu devenir célèbre. Ça c’est pour la mise des données sur la table. Je ne crois pas détenir la vérité, je sais de quoi je parle et c’est personnellement que j’en parle.

Le premier point que j’aimerais soulever est celui-ci: le suicide, par définition, est un acte personnel. La plupart du temps il n’est pas fait en réaction aux autres mais en réaction à soi. Il existe autant de raisons de le vouloir que de personnes qui y pensent. On a beau catégoriser et tout, mon expérience personnelle et celle de ceux avec qui j’en ai parlé et qui étaient passés par là (J’ai été directeur d’une OSBL en santé mentale) est plus souvent une volonté d’évasion ou une prise de responsabilité pour sa vie qui l’on abhorre. Pour toutes sortes de raisons.

Ensuite, l’aide médicale à mourir, suicide assisté pour certains, est sollicitée par une personne au bout du rouleau. Personne ne peut juger pour nous si nous sommes au bout du rouleau. Le problème ne se pose pas pour quelqu’un qui dispose de ses moyens pour y arriver, mais il se pose pour ceux qui sont dans des conditions exécrables tant physiquement que psychologiquement. Il est bien difficile de le comprendre à moins d’être doué d’une certaine empathie. Beaucoup parlent par idéologie et d’autres parlent en se prenant comme base de référence. Là le bât blesse tellement que c’est une question qui divise les gens entre ceux qui ne voudraient pas être mis devant l’éventualité et ceux qui ont peur d’être mis devant la possibilité. Mais au Québec, et plus récemment au Canada, on a fait des pas dans ce sens. On a légiféré.

Puis on en est rendu à se demander si on peut requérir cette procédure en avance, quand on est sain de corps et d’esprit, pour le jour où l’on ne sera plus aptes à le requérir. C’est la prochaine frontière. J’ai écrit un texte sur les CHSLD http://bdmoi.mdugre.info/index.php/2017/03/13/le-chsld-un-milieu-de-vie/ très déprimant mais combien véridique. Si je perds mon libre-arbitre je ne voudrais pas hanter les corridors d’un CHSLD et être une corvée pour un ensemble de personnes, surtout pas ma famille. J’ai fait la paix avec la vie et avec la mort. Je l’ai contemplée de très près à multiples occasions. Aussi, si l’occasion m’était donnée de signer un papier ordonnant à mes proches, de tirer sur le pianiste, je le signerais dès maintenant. Je ne veux être à la charge de personne pour ce qui est de ma vie. Peu importe ce que les médecins diraient, je voudrais laisser la Terre en paix et selon ma volonté.

Maintenant, pour ceux qui ont peur que cela leur arrive. En quoi la possibilité pour quelqu’un d’autre que vous, vous regarde-t-elle. Vous respirez l’air et faites ce que bon vous semble. C’est à vous de décider pour vous. Mais ce n’est pas à vous de décider pour les autres. Même pas pour les proches. Il n’est de telle chose que la solidarité. Allez faire un tour dans les CHSLD et vous m’en parlerez. D’ici ce temps, vos opinions valent pour vous, et seulement pour vous. C’est tout simplement ce que je revendique pour moi.

Si j’ai besoin de l’aide de quelqu’un pour y arriver, je peux dès maintenant espérer l’avoir si je suis atteint d’une maladie terminale comme la SLA. Mais si je disparais des êtres conscients, j’espère qu’il en sera de même. Et si je change d’idée? Je déchire le papier et en écrit un autre, c’est tout. Et si il est trop tard, et bien il sera trop tard. Et si? et si? et si?…

Chacun a le droit de limiter sa volonté à son goût. Si on a le droit à la vie, on a le droit à sa mort.

Bertrand (BDmoi)

 

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