Il y a beaucoup d’émotivité et de contestation d’un bord et de l’autre au sujet de l’aide médicale à mourir.
Beaucoup de sympathisants invoquent: C’est ma vie, j’ai le droit de décider, ça ne regarde personne d’autre, je ne veux pas mourir en me dégradant tranquillement et le fameux “je ne veux être un trouble pour personne”, et encore plein d’autres raisons.
À l’opposé on argue des arguments basés surtout sur la religion et tu ne tueras point, sur le fait de la personne ne peut choisir de mourir et surtout sur “Qui décide de l’action” et bien d’autres arguments.
Si, le principe de base est : chacun est égal en droit, qu’il supplante tous les autres droits, comment ordonnancer les autres droits?
Qui a droit de décider pour son intégrité physique? La religion supplante-t-elle le droit de la personne à son intégrité physique? Et le droit à l’intégrité psychologique se situe où? Protéger une personne de la mort à son corps défendant?
Qu’il soit bien entendu, tous et chacun vont mourir un jour. Peut-on décider de ce jour? Pour soi? Pour les autres?
La réponse à cette question est, de fait, très prosaïque. On le fait quotidiennement. Que ce soit meurtre, ordonnance de cour(dans certains états), ou médication excessive pour adoucir la douleur ou autres façons, on fait mourir plein de gens.
Mais revenons à la personne, au cas par cas. Là est la source du problème et là réside la solution. Posons honnêtement la question, une personne peut-elle demander à une autre personne de la faire mourir? Tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir? Pour tout le monde ça semble vrai sauf que… Ce ne l’est pas. Elle peut le demander, c’est certain, mais doit-on y obéir?
Et si on posait la question autrement? Si une personne dispose du moyen de s’enlever la vie (par exemple en pharmacie) a-t-elle le droit de l’acheter et s’en servir? Certains répondront d’emblée, non. Mais d’autres diront: si ce n’est ça ils vont essayer d’autres moyens tous plus pénibles les uns que les autres, risquer de se manquer et souffrir d’autres sévices plus horribles encore.
On en revient au point de départ, qui peux décider de la mort ou de la survie de quelqu’un? Dans le cas de suicide réussi, c’est évident la personne a décidé par elle-même. Mais, s’il n’est pas réussi, beaucoup diront qu’elle a fait exprès de se manquer et que ce n’était qu’un appel à l’aide. Ces jugements intempestifs on les entend souvent. Si on n’a pas le droit de décider de la mort d’une personne, ce que je crois, on n’a pas plus le droit de juger de ses motifs pour s’enlever la vie. C’est cru, direct, sans nuance, on n’a pas le droit de juger les autres. On le fait couramment, mais on n’en a pas le droit.
Selon ce que je viens de dire, personne n’a le droit de juger du désir de mourir de quelqu’un. Ça vient d’élaguer la religion et autres considérations personnelles. Dans le cas de personnes, conscientes et à l’article de la mort imminente, ce cas semblant réglé dans la législation actuelle avec l’aide médicale à mourir. Mais pour la personne dont les conditions de vie sont exécrables, douloureuses et pénibles, ne pourrait-on pas lui permettre de décider de son sort? Prendre une pilule, s’endormir et ne jamais se réveiller?
J’ai eu des pensées suicidaires pendant de multiples années, j’ai failli y succomber à plusieurs reprises, aujourd’hui un nouveau mélange de médicaments m’a permis de sortir de cet environnement mental et je suis très bien et n’ai plus le désir de mourir. Si un médicament avait existé pour m’enlever la vie, je l’aurais sûrement pris. Aujourd’hui je n’en ressens pas le besoin.En connaissance de cause, je connais les tourments et les affres des pensées noires et même extrêmement noire.
Si un tel médicament était disponible, devrait-on le rendre conditionnel? Si vous voulez vous mêler des affaires de autres, vous devez être prêts à payer pour le soutien aux personnes en période de crise. Ainsi, pour obtenir une prescription pour le médicament, faudrait-il suivre une thérapie suffisamment probante pour faire le tour de la question? La société, d’après moi, n’a pas le droit de juger des désirs d’une personne, à moins de prendre tous les moyens(pas dire et ne pas faire) pour que cette personne fasse un choix conscient et objectif de sa situation.
Si on prend un exemple: le cas d’une personne atteinte de SLA(sclérose latérale amyotrophique, qui est destinée à mourir noyée dans sa salive parce qu’elle ne peut déglutir (Ça arrive plus souvent que vous ne le penser). C’est horrible comme pensée pour la personne. Elle n’est pas nécessairement destinée à mourir à court terme, mais dans les mois précédents sa condition finale, elle dépend des autres pour libérer la gorge de salive qu’elle ne peut avaler et qui dérange sa respiration. Être nourri par gavage est une autre réalité de sa condition. J’ai vécu les 8 derniers mois d’une personne atteinte de SLA. J’ai eu accès à ses communications avec son environnement. C’est terrible.
J’ai donc personnellement connu des états suicidaires et j’ai vu la descente aux enfers d’une personne totalement dépendante des autres. Mais cette personne n’a jamais demandé à mourir, du moins pas par écrit. Donc on se devait d’apporter tout les soins nécessités par son état. Sa fin fut terrible, dans un mouroir surchargé, 4 dans la même chambre, avec des soins réduits au maximum.
En résumé, mon opinion, c’est d’une hypocrisie sans nom. On ne veut pas que les gens puissent décider de leur mort, surtout parce que leur mort serait décidée par un tiers, et que l’on ne veut pas qu’un tiers décide de notre mort. Tout ramener à soi. Voilà, d’après moi, la véritable raison de l’opposition de l’aide médicale à mourir. On ne veut pas que quelqu’un décide pour nous. Alors le droit de la personne, elle,n’a rien à voir avec vous? Égocentrisme éhonté.
Mon opinion sincère? Donnons le droit à la personne de décider de sa vie mais auparavant prenons les moyens, quoiqu’il en coûte, pour que cette personne dispose de tous les supports possibles (pas disponibles mais possibles) pour faire leur choix de façon sereine et réfléchie. Le droit à ne pas souffrir est-il implicite au droit à l’intégrité physique?
Bertrand (BDmoi)