S’exprimer n’est pas penser avoir raison.

Dire une chose n’est pas nécessairement affirmer une telle chose. Le mot nécessairement est gras et souligne la nuance de la phrase. L’intention du locuteur est là. Tout est là. Mais celui qui lit passe, la plupart du temps, au dessus de la nuance. Il prend la phrase la plus simple, sans l’adverbe, et saute à la conclusion que le locuteur dit: dire une chose n’est pas affirmer une telle chose. Et le débat commence avec 2 camps retranchés dans leur idée.

Ce simple exemple illustre tellement l’état de la communication aujourd’hui. Mais c’est pire. Bien souvent les intervenants débattent de débuts de phrase et de pensées. 280 caractères c’est encore trop long à conceptualiser, pour beaucoup. La clip de 7 secondes, aux nouvelles, a fait bien des ravages. Inertie se transforme aujourd’hui en ineptie. Les gens ont la perception personnelle de vouloir bouger. Mais ils n’ont pas la direction où bouger.

La brusque morosité de bien des gens, gilets jaunes et manifestants de toutes sortes, est palpable. Mais il n’est une direction globale où s’orienter. Il y a bien Greta qui a des idées bien arrêtées et qui pense fortement avoir raison. Et elle a raison de le penser. C’est ce qu’elle voit et analyse du haut de ses 16 ans. Elle affirme des choses soutenues par des études climatologiques. On ne peut le nier.

L’ineptie n’est souvent pas du côté du locuteur, de l’émetteur. Elle est souvent dans ce que retient le récepteur de l’émission. On détourne le sens de ce qui est émis pour qu’il soit en conformité ou en opposition avec la position de celui qui reçoit. Et on se met à lapider le messager et à tirer de son apparence tous les motifs qui peuvent sous-tendre notre opinion (pas notre réflexion inexistante)

L’accélération et l’augmentation des émissions dans notre société, par tous les réseaux de communication, loin d’améliorer la situation, rendent incompréhensibles la raison. C’est comme un grand murmure ininterrompu dans une vaste salle où les réverbérations de toutes les communications entre des milliers de personnes, ne font que produire un gigantesque bruit de fond qui empêche de bien distinguer ce que notre interlocuteur nous dit.

Nous, personnellement, faisons-nous partie du problème ou de la solution? Faisons-nous un effort, oui un effort, pour essayer de comprendre la pensée, bien souvent mal ou incomplètement exprimée par la personne ou les personnes qui nous parlent?

Non. Bien souvent, sautons-nous aux conclusions de ce qu’on pense que l’autre veut dire. On approuve ou désapprouve cette conclusion qui peut être à des années-lumières de ce que l’autre a effectivement dit.

Le problème de notre société ne serait pas tant ce qui est dit comme celui de ce qui est entendu, cru. Car on croit bien de choses qui ne résistent pas à une simple discussion ou analyse grammaticale. Mais, est-ce que ça existe encore ça, une analyse de texte?

Bertrand ( @BDmoi)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.